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« L’Etat islamique, un aimant de tous les djihadistes du Moyen-Orient et d’ailleurs »

Comment expliquez-vous la capacité d’adaptation de l’EI, efficace aussi bien dans la bataille conventionnelle que dans la guérilla ?

De deux manières. La première est qu’en Syrie vous avez une situation de guerre civile qui oppose tous contre tous. On compte environ cinquante groupes différents. Vous avez la combinaison de la guérilla et de la guerre conventionnelle puisque les forces armées du régime syrien utilisent des armes conventionnelles. L’autre partie de l’explication, c’est l’effondrement de la présence américaine en Irak. L’Etat islamique n’a pas à craindre la présence d’infanterie américaine en Irak. Ajoutez à cela que le gouvernement irakien, mis en place dans les conditions d’occupation américaine, est un gouvernement largement chiite très mal vécu par les sunnites en Irak. C’est une combinaison parfaite du point de vue de l’EI : le champ de bataille pour la guérilla, les armes et l’argent en provenance des Etats du Golfe, et un sanctuaire en Irak, voire plus que cela désormais avec la prise de Mossoul il y a quelques mois.

Jugez-vous suffisante la réaction occidentale, et en particulier celle de l’administration Obama, face à l’Etat islamique ?

En l’absence de guerre d’Irak en 2003, cette affaire aurait été traitée comme les Français ont traité le cas du Mali. Quand les djihadistes sont sortis du mode de la guérilla pour se lancer dans la guerre conventionnelle, les Français ont lancé une force interarmées. En l’espace d’un mois, on a étrillé les colonnes terroristes, repris le territoire qu’ils avaient contrôlé. Et grâce à un momentum très élevé des opérations au sol, on a pu empêcher la création en Afrique occidentale d’un équivalent de l’EI au Moyen-Orient. 5000 soldats ont pu le faire. Je pense que 5000 soldats américains auraient pu le faire en Irak. Mais après les mésaventures de l’ère W. Bush, il n’y a aucun soutien aux Etats-Unis pour mener ce type d’opération. On envoie plutôt des drones et des avions de combat. Cela a empêché la chute de la capitale kurde Erbil, celle du barrage de Mossoul, mais cela ne permet pas de casser l’EI. On va continuer à fournir des armes aux Kurdes et peut-être établir une cohérence entre ce qu’on fait en Irak et en Syrie. Ce sont en effet jusqu’ici deux catégories de politique qui ont été menées de manière disjointe, alors que l’EI ne reconnaît pas les frontières entre ces deux pays… Lire la suite dans le n° 1313 d’Actualité Juive.

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Jeudi, 11 Septembre, 2014
<p><em>Propos de François Heisbourg recueillis par Steve Nadjar publié dans le n° 1313 d’Actualité Juive le 11 septembre 2014</em></p><p><em>Président de l’International Institute for Strategic Studies et conseiller spécial à la Fondation pour la recherche stratégique, François Heisbourg est l’un des plus éminents experts des questions internationales. Il décrypte pour « Actualité Juive » les enjeux de la menace posée par l’EI.</em></p><p><strong style="line-height: 1.538em;">Vous êtes l’auteur d’un «Après Al Qaïda », paru en 2009 (Stock). En quoi la poussée de l’EI marque-t-elle selon vous un nouvel âge du terrorisme djihadiste ?</strong></p><p><strong>François Heisbourg : </strong>C’est un nouvel âge mais ce n’est pas tout à fait celui auquel on s’attendait. Un élément d’analyse nouveau s’est introduit dans l’intervalle sous la forme des événements en Syrie. Il y a une nouvelle forme de terrorisme djihadiste dans le sens où il ne se contente pas de parasiter un Etat, comme l’avait fait Al Qaïda auprès des Talibans. C’est un groupe qui veut s’ériger directement en Etat, contrôler un territoire en imposant ses propres frontières, à cheval sur une partie de la Syrie et de l’Irak. C’est un événement tout à fait nouveau qui n’était honnêtement pas prévu au programme.</p>
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