L'émirat a pour habitude de donner d'une main ce qu'il reprend aussitôt de l'autre. Il s'est ainsi toujours agi de donner des gages de soutien aussi bien aux acteurs de l'islam politique, des plus violents aux plus légalistes, qu'aux partenaires occidentaux, dont la tradition démocratique est historique, malgré leurs propres vicissitudes et errements sur les questions liées au monde arabe et à l'islam.
L'attitude du Qatar, aujourd'hui, est autant le résultat de l'idéologie de ses dirigeants, schizoïdes d'une certaine manière, que des rapports de force au sommet du pouvoir, entre les tenants de l'ouverture à l'Occident et les partisans d'une vision culturaliste et très exclusiviste de l'islam. À cette aune, l'expulsion récente de sept dirigeants des Frères musulmans peut s'interpréter de deux façons: d'une part, par l'enlisement de l'opposition syrienne et le fait qu'elle ait été à présent supplantée sur le terrain par des organisations islamistes extrêmement violentes, que l'émirat a favorisées d'une manière ou d'une autre, incapables cependant de venir à bout du régime autoritaire et répressif de Bachar al-Assad; et d'autre part, par la montée en puissance de l'État islamique et l'inquiétude qu'il suscite dans certaines chancelleries occidentales et arabes, avec la crainte qu'il ne déstabilise durablement la région avec son cortège de malheurs, comme l'atteinte à l'intégrité morale et physique des Chrétiens d'Orient.
Le Qatar veut de la sorte anoblir son image, se racheter après avoir nourri la bête à laquelle se heurtent lui et ses amis en Occident. L'émirat semble vouloir se détacher de l'image qui lui colle à la peau, à savoir être le sponsor des organisations et personnalités associées à la nébuleuse idéologique des Frères musulmans dont les dispositifs théoriques sont, à peu de choses près (seuls les modes d'action changent), les mêmes que ceux de l'État islamique… Lire la suite.
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